— T'es virée.

L'annonce claque comme un coup de fouet. Mes yeux s'écarquillent comme des soucoupes pleine d'eau. Non, non, non... pas ça. J'ai écrasé un petit chaton pour avoir un karma aussi merdique? Sérieusement, quelle divinité j'ai été amenée à contrarier? Mes poings frappent le comptoir, partagée entre le désespoir et la colère. Ruben, le grand patron, ne se formalise pas. Il frôle le deux mètres et la tonne de muscles. Ce n'est pas une petite nana et son poids plume qui vont le contrarier.

— Je peux savoir pourquoi?

Il termine de frotter son verre, avant de poser ses petits yeux noirs sur moi. Il est agacé, je le devine à la manière dont il pose son torchon sur son épaule. JE me fais virer et c'est LUI qui est agacé? Non mais je crois rêver! Je ne suis pas de nature violente mais là, j'ai bien envie de lui éclater le nez. On est d'accord, je n'oserais jamais. J'en éprouve juste une furieuse envie.

— Quatre soirs d'affilés, tu n'as pas arrêté de te tromper dans les commandes. Tu t'es également mélangée les pinceaux en rendant la monnaie au client, tu as renversé plusieurs fois ton plateau et en plus de ça, Raegan, t'as une sale gueule. Ta mine de déterré, je suis désolée mais c'est pas très vendeur.

J'ouvre la bouche pour protester mais rien ne me vient. En partie parce que je n'ai pas l'habitude de rechigner face à une autorité supérieure. Et en partie parce que je sais qu'il a raison. C'est vrai! Depuis quatre jours je merde à plein tube mais... je vis dans ma voiture depuis quatre putain de jours! Je dois jongler entre mes études, le boulot, une solution pour ne plus être une sans-abris... et merde, vous avez idée de combien c'est chiant de trouver un stratagème pour se doucher quand on a pas de toit?!


— Mais c'est temporaire.

Ouais, on a vu mieux comme argumentaire. Le géant secoue négativement la tête. Il n'est pas connu pour être un tendre, mais là... N'est-ce pas abusé? Quatre petits jours sur les cinq derniers mois de bons et loyaux services... franchement, c'est quoi?!

— Le fossé que tu creuses entre mes bénéfices et mes dettes, lui, il n'est pas temporaire. Allez. File. On va pas tarder à ouvrir et t'as vraiment une tête qui fait peur. Penses à consulter un médecin ou opte pour un meilleur anticernes. Mais je t'en prie, fais quelque chose.

Il me tourne ensuite le dos, avec sa mine dégoûtée. Oh! C'est bon, là! J'ai abusé sur les heures supplémentaires ces dix derniers jours mais faut pas déconner! Et j'ai le droit à un peu plus de considération! Je bombe le torse... et rien, en fait. Je tourne les talons, la queue entre les jambes. Je n'ai pas le courage de l'insulter. Je n'ai le courage de rien, là. Je peine à réaliser. Sans toit et maintenant sans boulot... Comment je vais faire? Si je ne trouve pas une solution, et tout de suite, je vais finir mendiante! Moi et ma guitare, on chantera dans le parc pour quelques pièces et des capotes trouées. Je n'ai littéralement nul part où me rendre. C'est déstabilisant comme sensation. L'envie de me pelotonner sous les couettes, avec un pot de glace... puis ce déclic, terrible. Non. C'est impossible. Je ne peux pas, je ne peux plus. Il m'arrive encore de me réveiller en me croyant au fond de mon lit. Puis de fondre en larmes en réalisant que non. Je suis bien une sdf.

En quittant l'établissement, une nouvelle crainte me noue l'estomac. Sans argent... je ne peux pas entretenir ma voiture. Bientôt, même mon véhicule deviendra obsolète pour absolument tout. Non... Je dois trouver une solution. Nerveusement, je triture la bague à mon doigt. Ce n'est pas ma bague de fiançailles. C'est celle qu'Elias m'a... offerte? Prêtée? C'est confus, d'un coup, mais ce n'est pas le plus important. J'ai retardé ce moment parce que je ne veux pas être un poids pour lui. Je ne veux pas non plus qu'il pense que je... "profite" de lui? Il vient tout juste d'emménager dans un super appartement. Si je déboule avec mes petites valises, de quoi vais-je avoir l'air? Et d'un autre côté? Est-ce que j'ai vraiment une autre solution? Je crois bien que non.

Le trajet jusque chez Elias, j'ai dû le faire à pieds. Pourquoi? Je ne vais jamais au boulot en voiture. Pour une raison toute conne mais après mon service, je suis tellement fatiguée que je n'ai plus les yeux en face des trous. Ce serait irresponsable de prendre mon véhicule dans un tel état. Donc, par acquis de conscience, j'y vais à pieds, je reviens à pieds. Et donc, je me rend chez Elias avec mes petits petons. Et quand je vous dis que j'ai du contrarier une divinité, sérieux, je plaisante pas! Le ciel lâche des trombes d'eau, un chat s'est littéralement jeté sur moi en essayant de fuir un chien qui lui courrait après. Un gros molosse. La surprise, la fatigue, et le gros mastodonte on eu raison de moi et je me suis retrouvée le cul dans une flaque d'eau. Donc, en plus d'être trempée, j'ai de belles griffures de chats sur la tronche. Une journée de merde? Non, rendu là, c'est une semaine de merde.

Je vous laisse donc imaginer dans quel état je suis lorsque je toque à la porte de mon meilleur ami. Mes cheveux ressemblent à une serpillière gorgée d'eau sale. Ma petite robe blanche... bah elle n'a plus rien de très blanche. Pour le coup, mon teint se rapproche d'avantages de cette nuance séraphine qu'avait mon étoffe. Non, vraiment, rien ne va. Je suis pire qu'un chat de gouttière. En partie parce que je ressemble à un panda triste, avec tout ce noir dégoulinant de mes yeux.

Parce que je suis dépitée, parce que mon esprit est un train de me lâcher, en ne le voyant pas répondre, je commence à gratter sa porte avec mes ongles et à miauler. Ouais. J'ai pété un plomb, je vous dit.

Il pose ses mains sur le garde-fou de son balcon, cigarette dans la bouche, bière dans la main. C'est bien la première fois qu'il prend le temps de faire ça. En fait, c'est probablement la première fois de toute sa vie qu'il peut faire ça. Il n'a jamais eu d'appartement aussi luxueux - obtenu grâce à du fric qui ne lui appartient pas, grâce à Drey. Il regarde en bas, une longue distance le séparant du sol, un peu comme s'il regardait les gens de haut. C'est drôle, en y pensant. Lui, regarder les autres de haut, sur son trône en or. Il ne peut s'empêcher de rire à l'idée avant de souffler un nuage cancérigène. Sérieux, l'argent, il croyait que ça le changerait. Il rêve d'en avoir depuis longtemps mais, mis à part le confort, rien à bien changé. Il continue à voler des gens, parfois pour le plaisir, parce que c'est facile, parce qu'il se sent en vie et non comme s'il marchait lentement vers sa propre exécution. Parfois, Wolfram&Hart lui demande de piquer des trucs, pour eux. Il comprend pas pourquoi, ni ce qu'ils en font mais il fait ce qui est demandé de lui - sans trop les couvrir de ses sarcasmes habituels - et on lui donne de l'argent. Assez pour subvenir à ses besoins. Assez pour qu'il en balance dans les poubelles en s'achetant des caisses de bières à n'en plus finir. Ça et pour le dealer de drogue qui lui donne sa chère marie-jeanne qui lui permet d'oublier ses visions, leur douleur, leur contenue.

Sa dernière date de ce matin. Il sent encore ses jointures, ses mains ayant serrées la lavabo pour s'accrocher - à la vie, à quelque chose qui l'empêcherait de quitter ce monde un peu trop tôt, il ne sait pas. La douleur était particulièrement forte, aujourd'hui. Les images l'étant tout autant. Il sent encore ses os se broyer sous les coups d'un démon. Il sent encore cette sensation, comme si on lui avait lancé des couteaux à la dizaine pour étendre du sel sur son corps. Encore maintenant, il a un peu envie de gerber; heureusement, il n'a que de la bière, dans le corps. Ça doit pas aider, d'ailleurs, mais il s'en fou. Rien ne lui donne envie. Pas après le corps en charpie qu'il a vu dans sa tête. Non, tout mais pas ça.

Alors qu'il se décider à rentrer, il entend cogner puis griffer, miauler. Un sourcil en l'air, il regarde dans l'appartement et ses yeux se posent sur Stilinksi, fesses sur le comptoir à manger un reste de la veille. Pourquoi est-ce qu'on lui apporterait un chat à la maison ? C'est pas le sien. Un soupire et il dépose sa bière sur la table, visiblement agacé. Il commence à se déplacer vers la porte.

"Si c'est une nouvelle tactique pour que je donne de l'argent à votre organisation, vous pouvez vous le mettre dans le c-" Il ouvre la porte et il la voit là, devant lui. "Raegan ? Qu'est-ce que tu fais là ?" Son regard se pose vers son téléphone; elle ne l'a pourtant pas texté. Il prend ensuite le temps de la regarder, remarquant son état. Elle est sale, le visage crasseux et ses vêtements sont pires. On dirait qu'elle a passé la nuit dehors. On dirait...bah, lui, en fait. "Viens, entre." Il la prend par la main et ferme la porte derrière elle avant d'entrer dans sa chambre et de ressortir avec des vêtements de sa penderie ainsi qu'une serviette. "Tu vas prendre ta douche, parce que t'es pire que Stilinski après une nuit à vagabonder dans les ruelles pour s'assurer d'avoir une descendance. Après, tu me racontes pourquoi t'as l'air de ..." Il la désigne de haut en bas, d'une main crispée. "...de ça." Il pouvait pas lui dire ce qu'il pensait, ce serait la blesser.

Il la pousse dans la salle de bain, parce qu'il ne veut pas l'entendre répliquer quelque chose du genre qu'il n'a pas à faire ça. Il ne veut surtout pas la voir pleurer parce que, avec la crasse sur tout son corps, il devrait aussi subir l'odeur, l'humidité. Et puis, elle risque de tomber malade ce qui ne l'enchante pas... parce qu'il pourrait l'attraper, bien sûr. Pas parce qu'il s'inquiète pour elle, ce serait ridicule.

La porte s'ouvre sur Elias et je me fige. Ma respiration se coupe quelques secondes. Mes oreilles bourdonnent. J'ai envie de tourner les talons et de fuir en courant. Je ne veux pas qu'il me voit comme ça, aussi misérable. Pourtant, je suis la seule responsable. C'est bien moi qui ai trouvé le chemin de sa maison.

— Raegan ? Qu'est-ce que tu fais là ?

Il consulte son téléphone et la culpabilité m'étouffe aussitôt. Les mots se bloquent dans ma gorge. J'ai oublié de lui annoncer mon arrivée. Non. En vrai je n'ai pas oublié. Juste, je n'en avais pas le courage. Dans le fond, je me laissais une issue de secours, la possibilité de partir à tout moment. Je n'en suis pas moins idiote et mal élevée. Ce ne sont pas des choses qui se font, je crois, de débouler à l'improviste de cette façon.

— Viens, entre.

Maintenant qu'il est trop tard pour me carapater, sa main s'empare de la mienne pour me mettre en lieu sûr. Un cocon de chaleur. Son chez-lui. Sa bulle. Il m'abandonne, pas longtemps, mais assez pour que j'en vienne à zieuter la porte d'entrée plusieurs fois. Peut-être que je devrais partir? Et si je le dérangeais? Il était peut-être occupé à autre chose? Ou peut-être qu'il a autre chose à faire que de s'occuper de mes petits problèmes? Je veux dire... je suis naïve, et mon histoire avec Nina m'a montré combien je pouvais être conne. Toutefois... je le sais bien, qu'Elias a ses propres démons, ses soucis avec lesquels il tente de se débattre. Je ne veux pas être... un poids. Tout à mes questionnements, je triture nerveusement les manches de mon pull. Je ne réalise qu'à l'instant que je tremble comme une feuille. J'ai froid. Mes genoux jouent des maracas. Merde. Une chance que je sois une Tueuse, sinon je me retrouverais avec un rhume d'enfer.

Lorsqu'il revient avec des vêtements et une serviette, j'ai envie de protester. Ou au moins de le remercier. Au lieu de ça, je garde le silence. En partie parce que je le sais, si j'ouvre la bouche pour parler, je vais éclater en sanglot. Je préfère nous éviter ça.

— Tu vas prendre ta douche, parce que t'es pire que Stilinski après une nuit à vagabonder dans les ruelles pour s'assurer d'avoir une descendance. Après, tu me racontes pourquoi t'as l'air de ...

De quoi? Une clocharde? Une mendiante? Une pauvre fille désespérée? Mon menton tremble alors je me mord la lèvre. Ne pas céder. Ne pas pleurer. Là je sais très bien que si j'ouvre les vannes, je n'en finis plus. Les grandes filles ne pleurent pas.

— ...de ça.

Je lance un regard à Stilinski qui a cessé de manger pour se lécher l'entre jambe. C'est donc à ça que je ressemble, vraiment? Je laisse Elias me guider jusque dans la salle de bain. Je n'ai pas la force de protester. J'ai conscience qu'il n'a pas l'habitude de me voir aussi... calme et muette. J'aimerais changer ça. J'aimerais lui offrir au moins un sourire. Rien. Absolument rien ne parvient à animer les coins de ma bouche. Donc j'abandonne et une fois seule dans la salle de bain, je me dévêtis et file sous la douche.

On ne va pas se mentir, je reste une éternité sous l'eau chaude. Parce que c'est agréable, parce que j'ai beaucoup de crasse à nettoyer, parce que j'en profite pour pleurer sans être vu ou entendu, parce que son gel douche sens super bon. Une fois propre et habillée, je retourne dans le salon. J'en mène pas large, vraiment.

Honteuse, je triture les manches de la chemise offerte par Elias. D'ailleurs, depuis quand il porte des chemises? Je me demande si ce n'est pas à un de ces amants d'une nuit. J'espère juste qu'entre temps ça a été lavé. Dans le doute, je renifle au niveau des aisselles. Bon, ça sent pas le vieux dessous de bras, donc tout va bien. Je m'installe sur le canapé, mes jambes pliées sous moi.

— Je ne sais même pas par quoi commencer, que je lâche finalement.

Je soupirs. Mon expulsion? Mon licenciement? Je lui parle de ma mère ou pas? Non. Je pense que ça, je vais le garder pour moi. Je ne veux pas qu'il pense que je suis là pour lui réclamer de l'argent. Surtout pas! Puis, un bruit tonitruant retenti. Le coupable? Mon estomac. Il a faim, ce monstre.  

Il se dirige vers la cuisine, passant inconsciemment sa main dans le pelage de Stilinski avant de sortir une bière et une bouteille d'eau pétillante du réfrigérateur. Jamais il n'osera avouer qu'il a une section qui sert simplement à entreposer des trucs qu'il sait que Raegan aime. Un petit "oh j'ai ça qui trainait" fera bien le coup. Et il n'a pas vraiment envie de lui avouer qu'il n'y a qu'elle qui le visite, mis à part des coups d'un soir qui repartaient le lendemain pour ne plus jamais se revoir. À quoi bon entrer une relation stable, si elle est pour se terminer dans moins d'un an. Il se pose sur son canapé - il n'arrive toujours pas à croire qu'il a un canapé et encore moi l'écran géante placée juste devant - après avoir posé les boissons sur la table basse. L'arrivée imprévue de son amie le met un peu inconfortable. Non pas qu'il soit fâché ou qu'il soit agacé qu'elle n'ai pas laissé de message. Non, c'est l'air qu'elle avait, comme si... comme si tout allait de travers et qu'elle allait se jeter devant un train. Il fallait remédier à la situation.

La brune sort de la douche, la chemise qu'il lui avait prêté sur le dos. Heureusement, elle lui allait, bien qu'un peu grande. Elle ne manquerait pas à Jimmy, le gars qu'il s'était tapé la semaine dernière. Elle était propre et elle était la sienne, maintenant. Ou, à Raegan, en ce moment. Les yeux rouges de son amie lui signifiait ainsi que sa longue douche l'avait aidé à extirper quelques larmes de ses prunelles. Tant mieux. Ca éviterait de les mettre tout deux mal à l'aise. Il imite la position qu'elle prend et il pousse sa bouteille d'eau vers elle, avant de prendre une gorgée de son propre poison. Elle va mal, clairement. Pas de saut dans ses bras, pas de blague, même pas un sourire. Les sourcils d'Eli se fronce. Il s'inquiète mais feint simplement un intérêt quelconque, comme si elle lui parlait de la température de merde qu'il faisait dehors. Pas qu'elle était apparu devant sa porte en miaulant, ressemblant véritablement à une SDF.

"J'ai envie de te dire de commencer par le début." Il a aussi envie de la prendre dans ses bras. Il a envie de lui dire que tout se passera bien. Il veut la rassurer sauf qu'il n'est pas du genre à faire ça. Il ne sait pas COMMENT faire ça. La malédiction des Evans a probablement tué leur don pour les interactions sociales. "Qu'est-ce qui t'arrive ?"

J'ignore comment dissiper le malaise qui m'habite. J'ignore comment rehausser le coin de mes lèvres pour lui offrir un sourire. J'ignore comment rendre mon intrusion plus agréable. Je ne suis qu'une ignorante, une pauvre idiote, beaucoup trop naïve. Je me pense intelligente parce que je suis capable d'emmagasiner à une vitesse folle de nouvelles connaissances. Sauf qu'au final, dans les grands enjeux de la vie, je m'en sors aussi bien qu'une enfant de sept ans. Pitoyable. Même ma mère m'arnaque et me dépouille sans la moindre honte et sans avoir à fournir le moindre effort. Bordel. Mais qu'est-ce qui cloche, chez-moi?

Ce nœud à mon estomac refuse de partir. Ce malaise qui m'habite m'étouffe. Quand je pense à l'avenir, à mon avenir, j'ai l'impression de me retrouver devant un gouffre où seul les abysses m'attendent. Je triture la manche de ma chemise. Elle est trop grande pour moi mais elle sent bon, elle est confortable et surtout, elle est propre. Sérieux, je doute de plus en plus qu'elle lui ai appartenu un jour.

Elias s'installe sur le canapé, avec une bière pour lui et une bouteille d'eau pour moi. Depuis que l'on se connaît, à aucun moment je n'ai eu à lui dire mes préférences en terme de boissons. Je ne lui ai d'ailleurs jamais dit à quel point je mettais un point d'honneur à ne jamais boire d'alcool. Non. Je n'ai jamais eu à le lui dire, parce qu'il l'a compris de lui-même. Parce qu'en dépit de ses airs détachés, il observe et comprend les gens qui l'entourent. Il se soucie des personnes qu'il aime. Il ne sait juste pas comment le dire.

— J'ai envie de te dire de commencer par le début.

Je lâche un soupir, fatiguée par avance. Si je dois commencer par le début alors on en finirait plus. Dans le fond, tout n'a t-il pas débuté lorsque mon père est mort? J'imagine que dans l'idée, je dois creuser moins profond et me contenter des faits récents. Mon expulsion. Mon licenciement. C'est déjà bien assez comme ça, n'est-ce pas?

— Qu'est-ce qui t'arrive ?

Cette fois je relève mes yeux vers lui. Par chance, j'ai déjà tellement pleurer que mes globes oculaires n'ont plus rien à expulser. J'attrape le premier coussin qui me tombe sous la main afin de le serrer contre moi, comme je pourrais le faire avec un doudou. C'est con, j'en ai conscience, sauf que j'ai besoin de quelque chose à me raccrocher. Même si ce n'est qu'un putain de coussin. J'inspire.

— J'ai été expulsée de chez-moi, en début de semaine.

Ma voix et mes mains tremblent comme des feuilles sous le vent automnale. Jamais je n'ai été dans une situation pareil. Même quand maman dilapidait son argent, avec ma grande sœur on s'arrangeait pour payer le loyer. Même quand elle est partie, j'ai continué à assurer. Le loyer, les factures, les courses. Je m'occupais de tout et aujourd'hui encore, maman a un toit au-dessus de sa tête. Alors pourquoi, moi, je me retrouvais dans cette situation? Jeter le blâme sur Nina serait trop facile. J'ai forcément ma part de tord dans cette histoire. Je serre le coussin un peu plus fort contre moi.

— Nina avait gardé l'argent des quatre derniers loyers et elle est partie. Je suis rentrée un matin, après le travail et... le proprio était là. Il m'a laissé la journée pour récupérer mes affaires et partir. Alors j'ai commencé à dormir dans ma voiture. Je veux dire, j'avais encore un travail. Du coup je me suis dit que ce n'était qu'une question de temps avant de rétablir la situation.

De nouveau, mon estomac se met à gronder. Un véritable monstre prêt à dévorer une ville entière pour soulager sa faim. Je l'ignore. Déjà que je me suis imposée, je ne vais pas, en plus, avoir l'audace de vider son frigo. Au mieux, je pourrais toujours nous commander un truc. Mon compte en banque est à sec mais je crois que rendu-là, je ne suis plus à trente dollars près. N'est-ce pas? Loin d'être fière de la suite, je baisse les yeux vers le coussin que je commence à triturer.

— Et j'ai été virée aujourd'hui.

Je me mord la lèvre en sentant les larmes revenir. Putain! Non! Ce n'est pas le moment! J'inspire. J'expire. Je tente de rassembler mes esprits et je reporte à nouveau mon regard vers Elias. Je ne veux pas qu'il me prenne en pitié, ni qu'il m'héberge parce qu'il se sentirait obligée. Sauf que là, je suis vraiment au bout du rouleau. Et je n'ai que lui.

— Est-ce que... je veux dire... ça te dérange si je dors ici cette nuit? T'es pas obligé de dire oui. Je comprendrais que tu refuses. Je ne veux surtout pas m'imposer ou t'imposer quoi que ce soit. C'est juste une question. Puis promis, ce serait juste pour cette nuit. Le temps de réfléchir à tout ça et trouver une solution. Sinon ne t'inquiète pas. Ma voiture c'est bien aussi. Elle est presque confortable.

Plus je parle et plus mon débit de mots augmentent. Je parle tellement vite qu'au final, je dois m'arrêter pour respirer. J'inspire pour remplir mes poumons et j'expire une nouvelle fois. La honte s'empare soudainement de moi. Comment je peux débarquer ici et le mettre ainsi au pied du mur. Parce qu'au final, c'est ce que je suis en train de faire. N'est-ce pas? Je lui étale ma misère et je lui demande de m'héberger. Que ça le dérange ou non, il dira oui. Je le sais très bien. Les joues rouges, je quitte le canapé. Confuse, je me gratte l'arrière du crâne.

— Ou pas. Je veux dire, désolée. Je sais pas pourquoi... enfin. Désolée. Je ne voulais pas t'embêter.

Mes affaires. Je récupère mes affaires et je m'en vais.

Ce qu'elle lui dit lui rentre dedans comme un poing dans le ventre, devenant lentement mais surement un poids constant, comme une envie de dégueuler incontrôlable. Une gastro! Il a une gastro sentimentale! Il a envie de s'accrocher à elle comme elle le fait avec son coussin, sauf qu'il est trop incapable pour le faire. Ce serait lui montrer, délibérément, qu'il tient à elle. C'est un geste qui le met inconfortable, même s'il sait que ça l'aiderait.

Sa colère se font crescendo alors que son débit de parole augmente. Nina, il ne l'avait jamais aimé. Il ne la connaissait pas bien mais, du peu qu'il connaissait, il ne lui faisait pas confiance. Au début, il se disait que c'était probablement un cas de jalousie, genre la colocataire qui lui volerait tranquillement son amie - sa seule - alors, forcé d'admettre que c'était en partie pour ça, qu'il ne l'aimait pas, il n'avait pas creusé plus loin. Mais, en la voyant, il avait eu un mauvais pressentiment. Avec le boulot qu'il faisait, il savait bien lire les gens. Nina, elle était clairement doué pour amadouer et profiter des autres. Il avait essayer de faire la même chose avec Raegan, lors de leur première rencontre. Sauf que, lui, il avait su arrêté. Il avait été honnête parce que, merde, profiter d'une fille aussi gentille qu'elle, c'était moins bien que profiter des grands fils de riches qui se pensent supérieurs aux autres. Jamais il n'aurait cru trouver pire que lui, comme personne.

"Merde, c'est vraiment une connasse." Presque un murmure, semblant d'un calme inexistant. Non, il la hait. La rage se fait sentir, il joue avec sa bouteille pour se calmer, se passe la main dans les cheveux. Il soupire, continuant d'écouter ce que son amie avait à lui raconter. Et elle dort dans sa voiture, en plus ? Non. Non, ça va pas. Il peut pas la laisser là, cible facile pour les pires merdes qui salisses la ville. Des gens comme lui, en fait. Il devait lui proposer de rester ici, subtilement. Il ne fallait pas qu'elle sache à quel point il s'inquiétait.

Avant même qu'il ne puisse lui proposer, la voilà qui lui demandait de rester. Une nuit, qu'elle promet. Une nuit ? Elle penses sérieusement que tout va se régler en une nuit ? La pauvre, c'est la première fois qu'elle se retrouve à la rue, sans doute. Eli, avant sa vieille roulotte, c'est ce qu'il avait fait. Sauf qu'il savait de qui se méfier, après avoir vécu à Clevelant aussi longtemps. Alors qu'elle tente d'annuler sa demande comme s'il s'agissait d'un remboursement amazon, il secoue la tête et suit le mouvement de la brune alors qu'elle se lève, visiblement pour foutre le camp. Il la rattrape et, doucement, il pose ses mains sur ses épaules. Il l'encadre un peu, question qu'elle se concentre sur lui.

"Hey." Il essai d'attirer son regard dans le sien, pour lui faire comprendre qu'elle a pas à s'inquiéter. Il l'écoute. Il l'aide. Enfin, il aimerait le dire aussi facilement. Il cherche ses mots et, finalement il se jète à l'eau parce que pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple. "Je vais te dire ce qu'on va faire. On va commencer par aller chercher ta voiture et ranger tes affaires. Après, on va se faire une bonne bouffe parce que j'ai bien entendu que t'avais fait." Sourire de con accompagné d'un haussement de sourcil, parce qu'il avait beau vouloir être gentil, il fallait pas révéler qu'il l'était vraiment. "Pour le reste, tu peux dormir ici le temps que tu veux. J'ai une chambre vide qui me sert à rien, autant la remplir avec une SDF." Il voulait dire ami, mais, ce serait trop Disney. Il se sentirait moins seul, en plus. Pas qu'il le lui dirait directement, mes ses yeux le trahissent clairement. "Et je veux pas entendre de 'non, je peux pas, c'est trop, je peux pas accepter'. Tu restes ici, point-barre."

Le temps que tu veux. Jusqu'à la fin, peut-être. Sa fin à lui.

Je tente de m'enfuir mais les mains d'Elias se posent sur mes épaules. Le soulagement que je ressens me trahit. Dans le fond, il se peut que je n'attendais que ça. Dans le fond, si je suis venue ici pour lui raconter mes malheurs, c'était bien par intérêt? Je culpabilise. Depuis le début, en réalité, j'attendais de lui qu'il accepte de m'héberger. Est-ce que c'est mal? J'ai tendance à penser que non. Alors pourquoi je me sens horrible d'user de sa gentillesse? Parce qu'on ne va pas se mentir, Elias est une personne avec un bon fond. Il est gentil et attentionné. Il le cache presque bien. C'est tout. Je lève mes yeux vers lui, bien que je ne sois pas très fière de moi-même.

Il propose qu'on aille chercher mes affaires, pour ensuite manger. Cette fois, un sourire commence à se peindre sur mon visage. Mon estomac est un monstre hurlant. Je n'ai pas le souvenir d'avoir ingurgité un vrai repas, ces derniers jours. Je pourrais engloutir tout et n'importe quoi. Même des choux de Bruxelles, tant je suis désespérée. Par chance, je suis quasi certaine qu'Elias ne me fera jamais bouffer une immondice pareille.

Quant à sa chambre qui sert à rien, prête à accueillir une SDF... je grimace. Je réalise difficilement le statut que j'ai. J'en ai conscience. Je suis une sans domicile fixe. Sauf que l'entendre, c'est désagréable. Je me sens au bord d'un précipice à chaque fois. Ce qui m'empêche de sombrer, c'est Elias. Ses grands yeux rassurant. Son petit sourire de con que j'affectionne tant. Ses mains chaudes sur mes épaules. Il insiste. Refuse tout refus de ma part. De quoi m'arracher un sourire. Puis mon estomac, à nouveau, grogne. Cette fois, je me permet de rire un peu. Mes paumes sur posent sur les mains de mon ami.

— Je suis d'accord pour tout ce que tu as dit, mais pitié. Est-ce qu'on peut d'abord manger et ensuite seulement, aller chercher mes affaires?
 
J'ai un poids en moins sur le cœur. Je ne suis pas seule, je ne le suis plus depuis qu'il est rentré dans ma vie. Mes pouces caressent le dos de ses mains. Il est le meilleur des amis que l'on puisse avoir. J'espère au moins qu'il s'en rend compte? J'imagine que non.  Il ignore à quel point il est génial.

— Et merci pour tout, sincèrement.

Je me la joue furtive et je lui claque un bisous sur la joue. Juste après, j'en profite pour me faufiler. Je saute sur le canapé pour escalader le dossier afin d'accéder plus rapidement à la cuisine. En tant que Tueuse, je suis censée être une super ninja. Ce que je sais être la plupart du temps. Pas ce soir. Je me loupe, sans comprendre pourquoi ni comment. Ce que je sais, par contre, c'est que je m'étale de tout mon long sur le sol. Putain. C'est douloureux. Pour mon ego, surtout. La seconde suivante, je me redresse sur mes deux pieds, comme montée sur ressort.

— C'est okay! Je suis okay. C'est cool!

Je tend mes deux pouces vers Elias pour enfin m'engouffrer dans la cuisine. J'ouvre quelques placards, décidée à nous cuisiner un bon petit truc. Mais... hum... Je fronce mes sourcils, enfonce mes poings sur les hanches et me tourne vers mon ami.

— La dernière fois que tu as été faire les courses, c'était quand?

Suspicieuse, je le soupçonne de se nourrir exclusivement d'alcool. Pas bien!

Ses claires prunelles se posent sur elle et il se sent mal. Il sait bien que de la traiter de SDF, c'était pas cool. Il sait qu'il aurait pu être plus doux. Il aurait voulu l'être. Mais il est un con. Un Evans. Il se protège, mal. Il aime tout aussi mal. Peut-être qu'un jour, il réussira à lui faire comprendre à quel point elle compte, pour lui. Que, sans elle, ses journées seraient interminables. Et minables.

Son bisou sur la joue lui tire un sourire qu'elle ne voit pas alors qu'elle lui tourne le dos, la regardant se diriger vers la cuisine. Elle comprend qu'elle aille faim, mais il devrait lui dire qu'elle va être déçu ? Non, parce que, de fumer comme il le fait, ça ouvre l'appétit. Il à tendance à tout bouffer ce qui se trouve sur son passage; biscuits, cacahuètes, yaourt ayant passé la date de péremption depuis quelques jours. Mais, surtout, il se nourrit exclusivement de restaurant ou de truc qu'il chipe aux autres, quand il se promène dans les bars pour empocher des billets.

Sauf qu'il n'a pas le temps de lui dire qu'elle se retrouve par terre, alors qu'elle tentait d'enjamber le fauteuil. Eli se rapproche inconsciemment d'elle mais la brune se lève comme si rien n'était arrivé, comme si elle n'avait pas décoré sa pièce comme un tapis de peau d'ours. Il roule des yeux, un soupire s'extirpant de son torse pour sortir de ses lèvres; long, découragé. Un soupire qui cache la joie qui commence à faire battre sa cage thoracique.

"Et on dit que c'est moi qui boit trop." Il laisse un sourire mouler ses lèvres avant de se percher sur son comptoir, regardant la brune farfouiller dans les armoires. Elle se retourne vers lui, visiblement bredouille. "J'y suis allé mardi...de l'année dernière." Il hausse des épaules, son sourire niais aux lèvres. Il pousse sa tête vers la droite, sa main gauche se dirigeant vers le placard derrière lui pour y retirer une boite de crackers. Des crackers assez vide de goût, depuis le temps qu'ils trainent, mais elles pourraient faire l'affaire. "Bouffes-en un peu et on ira chercher ce qu'on a besoin."

Il saute en bas du comptoir, avec l'agilité de Stilinski quand il a assez bouffé de nourriture, avant de se rendre dans sa chambre. Il y prend une veste qu'il enfile avant de prendre un hoodie qu'il lance sur son amie, alors qu'il la rejoint. Il prend place à ses côtés, rapidement rejoint par son chat de gouttière qui se frotte sur son amie, comme pour le rendre jaloux. Apparement, il est aussi con que lui. Et il aime autant la compagnie de la brune. Il gratte les oreilles du félin avant de porter son attention sur Raegan. La voir dans cet état lui déchire le coeur. Elle qui a le coeur sur la main, elle ne cesse de subir les coups foireux de ceux qui l'entoure; lui le premier.

"T'as une idée d'où elle pourrait se trouver, Nina ?" Pas qu'il avait envie de la voir. Mais il aimerait bien lui rendre une petite visite surprise. En solo. Question de lui donner la monnaie de sa pièce qu'elle à dérobée à son amie.

La mardi de l'année dernière! Rien que ça? De vous à moi, je pense qu'il se fout de ma gueule. Il vient à peine d'emménager! Il a bien dû se rendre dans une grande surface pour remplir ses beaux et merveilleux nouveau placard! Avec une cuisine comme la sienne et un compte en banque plein à craquer, j'irais en course tout les jours! Des pots de glaces, des fruits et des légumes à gogo! Mon estomac gronde plus fort à cette idée des plus savoureuses. Un velouté de potimarron, avec du lait de coco! C'est chaud, c'est réconfortant, et je me le note dans un coin de la tête. J'en ferais dans les jours à venir, afin de remercier Eli pour l'accueil qu'il me réserve.

Il me déniche un vieux paquet de crackers. D'ordinaire, je rechigne à m'empiffrer de biscuits salés. J'ai un corps à entretenir, vous comprenez. Sauf que je meurs de faim et je me jette dessus avant même qu'Eli m'autorise à le faire. Salé, mais sans saveur, c'est à peine croustillant. Le goût rance se marie horriblement bien avec la texture ramollie. Sans ironie, c'est mon meilleur repas depuis des jours.

Au bout du compte, je ne m'en sors pas si mal. Je regarde mon ami s'éclipser dans la chambre et ce gouffre qui menaçait de m'engloutir me parait à présent si loin. Une menace toujours présente, comme en arrière fond, mais d'une importance moindre. Contrairement aux jeunes de mon âge, je n'ai pas de famille sur laquelle m'appuyer. Je n'ai pas un groupe d'amis avec qui m'amuser jusque tard le soir. Et surtout, je n'ai plus de chez-moi. Sauf qu'au final, j'ai mieux. J'ai Eli. Et Stilinski, cette adorable boule de poils qui quémandent des gratouilles. Mon ami de retour, il me balance un vêtement que je m'empresse d'enfiler. Puis je reprend d'assaut les crackers, non sans gratouiller par intermittence le popotin du félin.

— T'as une idée d'où elle pourrait se trouver, Nina ?

Sans réfléchir, j'acquiesce. Je sais exactement où elle est partie avec mon fric. Je n'ai pas qu'un nom de ville. J'ai une adresse complète à fournir, si je le désirais. Dans le fond, Nina n'est pas une mauvaise personne. Juste une âme brisée qui a fait ce qu'elle devait faire pour atteindre ses objectifs. Peu importe les dommages collatéraux... à savoir moi.

— Elle est parp'fie en Lousane.

Parler la bouche pleine n'est pas la meilleure idée au monde. Non seulement ça joue sur mon élocution, mais en plus, ça me fait postillonner partout en direction d'Eli. J'affiche un sourire innocent, lui offrant une vue imprenable sur mes dents pleine de biscuits. Si je tente de l'attendrir? Un petit peu. Parce que je sais parfaitement où il veut en venir avec sa question. Et je sais pertinemment qu'il ne va pas apprécier ce que je vais dire. J'avale ma bouffe avant de reprendre la parole.

— Et même si je pense savoir où elle est partie, très exactement, je ne compte pas lui courir après. Ni même d'essayer de récupérer l'argent qu'elle m'a volé. C'est trop tard, le mal est fait de toute façon. Me venger, d'une manière ou d'une autre, ne rendra pas ma situation meilleure. Et ça ne nous rendra pas meilleurs qu'elle. Alors je veux juste... passer à autre chose. D'accord?

Comme pour étouffer la moindre protestation je quitte mon siège et le prend dans mes bras pour un énorme câlin. Je me blottis contre lui, avec un grand sourire parce que je sais à quel point ça le met mal à l'aise.

— Le programme, c'est une colocation imposée avec toi, le temps que je me remette sur pied. Et pendant cette durée, tu auras droit à une petite fée du logis, à des bons petits plats préparés tout les soirs, sauf quand je serais obligée de patrouiller. On s'organisera des soirées netflix ou des soirées Just Dance. C'est un bon programme, t'en pense quoi?

Mon menton posé sur son épaule, un grand sourire estampille mon visage pendant que je me projette sur la vie à deux qui nous attend. Un super programme en perspective. Je me fige juste l'espace dans un instant, en réalisant que j'ai laissé échapper le mot "patrouille". Avec un peu de chance, il était trop occupé à bougonner pour prêter attention à ce que je pouvais bien dire.