Comme se retrouve-t-elle toujours dans des situations pareils ? On la poursuit, on la chasse, on essaie de lui faire une embuscade et, elle, elle court. Elle court et prie pour ne pas tomber; sa robe est d'une valeur inestimable. Elle l'a payée plus cher que le salaire de n'importe quel de ses tarés qui travaillent pour la ville et qui devrait réparer les trous qu'elle évite dans la route. Elle prie aussi pour que ses talons ne brises pas; des louboutins, ça vaut la peau des fesses.

Parfois, elle se dit qu'elle pourrait s'habiller d'une façon plus discrète, qui n'attirerait pas l'attention de ses stalkers qui ne cessent d'apparaître en plus grand nombre, tous avec une apparence plus étrange que le précédent. Mais elle ne paye pas sa garde-robe pour les cacher. Enfin, sauf les robes qu'elle achète pour faire enrager son père. Ceux-là, elle ne les regarde pas; elle les utilise pour que ses assistantes les bouge pour elle quand elle veut la paix, rien de plus.

Elle doit avouer qu'une partie d'elle regrette son choix d'une robe aussi coloré mais elle va si bien avec ses perles autour du cou. Si elle est pour mourir, autant mourir avec style.

Elle arrive enfin à sa destination. Atwell Investigations. C'est bien le nom qu'il y avait sur la carte chiffonnée que cette blonde lui avait donnée, quand elle l'avait aidée. Elle ne pensait pas la revoir aussi tôt... ou en général, mais quand la vie d'une personne est en danger, celle-ci doit se retrouver face à une personne qui porte des vêtements dépassés et qui ne semble pas savoir douché depuis des mois.

Sans tarder, Victoria entre dans la bâtisse, essoufflée, échevelée. Elle arrête et regarde autour d'elle. Les locaux de l'endroit ne sont vraiment pas les plus beaux. En fait, ce sont les plus laids. Et elle a passé une journée chez un certain guru du maquillage...

En avançant vers le bureau, une chevelure blonde qu'elle connait fait son apparition. Son visage montre d'abord du dégoût, puis elle roule des yeux et feint son air le plus sympathique. Ou du moins, c'est ce qu'elle ferait si seulement elle était une bonne actrice. Son visage est plutôt un combinaison crispée de ces deux émotions. Rien de bien gracieux mais, au fond, elle s'en fou. Elle et la chasseuse ne sont pas les meilleurs amies du monde.

"Bonjour. Je viens demander de l'aide." Sa grimace tourne lentement, presque éternellement. Comme une lente torture de temps de guerre. "Est-ce qu'il y aurait quelqu'un qui... quelqu'un de plus..." Ses paluches gigotes, s'ouvrent et se ferme pendant qu'elle cherche ses mots. Elle les trouve enfin et c'est comme une ampoule qui s'allume. Elle est tout sourire. "Quelqu'un d'autre!"

CODAGE PAR AMATIS
GIF TUMBLR

Le sourire de Victoria se transforme, il devient plus réaliste. La blondasse au mauvais shampoing semble comprendre qu'entre elles, c'est impossible. Et ce l'est. Elles ne se sont vu qu'une ou deux fois, mais le courant n'a jamais passé. Peut-être parce que Vic s'était cachée et encourageait presque son agresseur à s'attaquer à sa sauveuse pour être certaine de s'en sortir. Et au vu de son allure, Roxane en avait l'habitude, non ? Avec sa peau pâlotte et ... en fait, juste sa tronche, il était évident qu'elle sortait que le soir pour s'occuper de ce genre de cas. Le genre de fille à qui elle n'aurait jamais parlé à l'école ou au boulot ou dans un club. En fait, elle ne lui aurait jamais parlé, mais Victoria savait que, parfois, il valait mieux passer par les minables pour obtenir ce dont ont avait besoin. Dans ce cas ci, une personne qui la protègerait.

Heureusement, la blonde semble vouloir appeler quelqu'un d'autre, son air passant complètement par dessus la tête de l'héritière qui croit qu'elle aura ce qu'elle. C'est qu'elle sourit en plus; on peut voir jusqu'à ses dents de sagesse.

"Ah, fantastique. Je savais qu'on pourrait se comprendre. Je crois que ce serait mieux pour nous deux et pour moi, surtout, si c'était quelqu'un de plus... distingué et..."

Alors que son visage tombait dans ses songes, espérant qu'on lui donnerait un prince charmant. Un protecteur musclés, jeune et qui pourrait l'amener dans sa bagnole dernier cri, Roxane la ramène sur terre. Victoria réalise enfin qu'on se fou de sa gueule. Ses yeux se froncent et semblent lancer des laser à la loser en face d'elle. Elle fait une mou, roule des yeux, soupire et tape presque du pied. La fille à papa n'est pas contente.

"Tu as raison. Sauf que je ne crois pas que tes supérieurs, parce que je doute que ce soit toi qui tienne boutique, soient d'accord que tu refuses une tel occasion." Fouillant dans son sac à main, Prada du mois, merci bien, Victoria y sort une liasse de billets verts. "Je vous paie le triple du tarif ordinaire. Et en voyant l'état de vos bureaux..." Elle passe sa main sur le bureau d'accueil et y retire de la poussière et soulève un vieux livre moisit. "Vous en avez clairement besoin."

Sourire assuré, Victoria sait que la victoire est dans sa poche. L'argent dirige le monde. Encore plus pour ceux qui n'en ont pas. Et Roxane n'en a clairement pas...

CODAGE PAR AMATIS
GIF TUMBLR

L'héritière ignore les mouvements énervés de l'employé devant elle. Elle baigne dans l'agacement qui semble parcourir son corps. Selon Victoria, Roxane sait qu'elle a raison. Les autres employés adoreraient fort probablement avoir son argent. Tel est le monde; un marché du surconsommation dans lequel l'argent est le seul vrai pouvoir. Du pouvoir, elle en a. Et quand on a du pouvoir, on l'utilise. C'est comme ça que sa famille vit depuis toujours.

La blonde n'accepte pas, toutefois. Ça fout une clé dans les roues de son plan, tout ça. Normalement, elle fait la moue, agite des billets et on lui donne ce qu'elle veut. Si ça ne marche pas, elle montre un peu de décolleté, laisse sous-entendre qu'elle ferait certaine choses sans réellement l'intention des le rendre réelles. Elle s'en sort ensuite en jouant la bécasse qui a oublié, qui ne comprend pas les double-sens. Avec elle, Victoria se doute que ça ne fonctionnera pas.

Elle ne voudrait pas s'abaisser à ce niveau avec elle, de toute façon.

Roxane la pique toutefois. Elle la lit bien. Elle devine comment elle fonctionne; quoique, ce n'est pas comme si elle s'efforçait de le cacher. Elle était aussi subtile que la couleur criarde de sa robe. Sourire hautain plastré sur son visage d'ange, elle la toise du regard.

"Des billets, des larmes ou un coup de cheveux bien placé mène loin, dans la vie. Je sais que c'est dur à comprendre pour quelqu'un de ton statut, mais je crois que..."

Elle n'a pas le temps de terminer sa phrase que miss armée-du-salut lui pique sa liasse et la fait flamber droit devant elle. Un cri s'étouffe dans la gorge de la jeune Hardyn. Son visage devient rouge et ses sourcils se fronce. Ses poings se serrent et elle donne un coup de talon sur le carrelage, comme pour bien s'encrer.

"Mais ça va pas! C'était assez pour t'acheter une Benz et toi tu le brûles ?!"

Quand elle disait trois fois le prix, elle voulait dire trois fois le prix de ce qu'elle pait habituellement dans les endroits huppés qu'elle visite normalement. Visiblement, la blonde veut rester dans sa pauvreté.

Toutefois, Victoria réalise qu'elle est dans la merde. Elle est bien au courant qu'il n'y a pas d'autres endroits dans tout Crestwood qui pourra l'aider. Et sans l'agence, elle se fera retrouver par le type étrange qui la suit et qui risque de débouler ici, si elles n'arrivent pas à s'entendre. Ou elle se fera prendre au piège dès qu'elle posera un pieds hors de la bâtisse. C'est ce qui semble toujours arriver, quand elle est dans les parages.

Une partie d'elle veut rétorquer, continuer à la faire chier. Toutefois, elle n'est pas stupide. C'est la vie ou la mort qui est dans la balance. La sienne, pour être plus précis. La plus importante des vies, donc. Et elle compte bien rester en vie pour l'inauguration de sa palette de couleurs qui devraient sortir dans les prochaines semaines.

Elle y pense un petit peu. Encore un peu. Ses yeux sont rivés sur le plafond et puis elle roule enfin des yeux et pousse un long soupir. Son visage est plat, presque sans émotions.

"D'accord. Tu feras l'affaire..."

Ton neutre, qui ne laisse rien paraitre; même pas de reconnaissance. Elle n'avait pas d'autres options et elle s'était fait cramer de l'argent. Elle n'allait pas la remercier en plus.

"Je me fais encore poursuivre par un type louche. Il est un peu différent du dernier, mais il est tout aussi énervant. Et il était pas très loin derrière moi, il devrait donc pas tarder à me retrouver."

Comme s'il attendait d'être annoncé, les portes de l'agence s'ouvrent dans un grand fracas et une silhouette entre. Grand, large, il doit se pencher pour entrer. Sa beau est bleuté et son visage, que Victoria assume doit être un masque, a des cornes accérés, longues, tordues. Ses yeux se fixent directement sur l'héritière.

Un cri effroyable retentit et raisonne dans la salle d'accueil. C'est Victoria qui, sans hésité, se jette derrière le comptoir et s'y cache, bousculant Roxane pour qu'elle sorte de là et qu'elle agisse.

"Si tu t'en débarrasses, je double l'offre et j'ajoute un séjour dans une chambre des hotels Hardyn! Celles avec des douches qui massent!"

Plaquant ses mains sur ses oreilles, elle remarque que son sac à main n'est plus avec elle. Elle lève la tête pour regarder par-dessus le comptoir et elle le voit. Il est là, entre Roxane et le monstre. Elle étouffe un cri dans sa gorge. Elle ne peut pas perdre ce sac. C'est Prada DE CETTE ANNÉE. Ce serait une tragédie que de le perdre.

"Mon sac à main! Il faut que tu le sauves!"

CODAGE PAR AMATIS
GIF TUMBLR