Le coup de l'offre, c'est sûr moi, j'en ai pleinement conscience. Sauf que la fierté, l'ego, c'est beau pour empêcher quelqu'un de parler. C'est clairement pas mon meilleur coup. Vraiment pas. Mais si le nécromancien pense que je lui ferai le plaisir de l'avouer, il se trompe. Quoique, c'est peut-être moi qui se trompe à son sujet. À regarder son accoutrement, je devine bien que, lui, il en a de l'argent. Et, s'il en a autant, il doit au moins parler en connaissance de cause. Avec Roxane comme amie, c'est probablement le cas - il doit avoir un compte en banque seulement pour les problèmes qu'elle lui amène.

Pour réitérer, les fantômes, c'est pas mon truc. Est-ce que j'en a peur ? Peut-être. Je n'en ai jamais affronté, avant. C'est surtout que, de les cogner, c'est un peu impossible. J'excelle dans l'art de la cogne. Sauf que, sans corps, on peut rien frapper. Et sans rien à frapper, j'avoue me retrouver un peu prise au dépourvue. C'est donc un réconfort d'avoir quelqu'un de plus compétent que moi, dans le domaine. Si j'étais venu ici avec Anastasia, on auraient eu l'air de vraies connes à essayer de frapper le vide; quoiqu'on a tendance à se sortir des coups les plus foireux. Chance ou perspicacité, je ne sais pas. Je m'en fou un peu, d'ailleurs. Tant que moi et ma douce continuons à nous battre pour voir un autre jour.

Bras croisés, je fixes le mur, m'assurant de rester près d'Elkan. C'est lui l'expert, en ce moment. Mais s'il arrive à rendre un fantôme corporel ou qu'une armée de squelettes se retrouvent à nos pieds, j'aurai au moins le plaisir de lui sauver les miches - et bonus, j'aurais l'air vachement cool, à fracasser du monstre avec mes poings. La remarque du sorcier me tire un sourire en coin, des scénarios faisant déjà leur apparition dans ma tête. Un doigt d'honneur dessiné sur le mur ? Un truc plus puéril encore ? Peut-être une mamie qui cherche son dentier ? La liste est longue et pourrait continuer longtemps. Dans tout les cas, je me concentre sur le grand blond qui s'étend un peu plus sur le sujet des fantômes. Des échos de ce qu'ils étaient. J'hume en accord, tentant de faire sens de ce que m'apprend le sorcier. Je n'ajoute toutefois rien, préférant laisser Elkan se concentrer.

Observant ses gestes, Je me retrouve déboussolé par une bourrasque de vent qui me force à retenir mon bonnet de prendre la fuite. Elkan me couvre et je n'ai même pas le temps de me sentir perturbée - c'est moi qui fait ce genre de truc, normalement. Je me retrouve rapidement au sol sous l'insistance du sorcier, peinant à voir ce qui se déroule pourtant sous mes yeux. J'entend toutefois le meuble qui m'aurait percuter la gueule exploser sur le mur derrière nous et une injure s'échappe de ma bouche; mon mur est carrément pété et j'emménage à peine. Je me relève, suivant le faisceau de lumière d'Elkan, joignant mon rayon au sien pour nous offrir une meilleure vue... de la silhouette monstrueuse se trouvant devant nous. Visiblement mort depuis un moment, l'homme nous charge et disparait aussi soudainement qu'il est apparu.

Soulagée mais pas dupe, j'analyse la pièce autour de moi pour détecter l'endroit par lequel il va attaquer de nouveau. Le nécromancien tombe à genou, me forçant à s'agenouiller à ses côtés.

"Elkan! Elkan, répond! Qu'est-ce qui se passe ? Qu'est ce qui..." L'homme se retourne mais la figure devant moi ne semble pu appartenir à Elkan. Non. Son regard sinistre, meurtrier, c'est celui de l'homme. Le visage inquiète que j'arbore se morphe lentement en un sourire presque coquet. "Sauf que t'as oublié une chose, dans ton plan." Je l'empoigne, le soulevant au-dessus de ma tête et je l'envoie planer à travers la pièce, directement sur un mur. Le plâtre s'effrite au contact et le nécromancien traverse la façade. "T'es solide, maintenant."

Même si une pointe de culpabilité fait son apparition, parce que de jeter un allié, que je ne connais que très peu, dans un mur est aussi amusant que difficile à justifier, je ne peux pas m'arrêter pour y penser plus d'une seconde. Un squelette m'attrape le bras alors qu'un autre essai de m'agripper le cou. Pour remédier à la situation, mon coude s'étampe dans le crâne d'un des déficient en calcium, lui faisant relâcher sa prise. L'autre, je l'empoigne de mes deux mains avant de le faire passer au-dessus de ma tête, lui faisant percuter le sol. Je lui écrase le crâne avec ma semelle avant de me rendre vers une vieille lampe sur pied que je débarrasse du fil ainsi que de la tête. Une arme est une arme.

Experte, je fais tournoyer mon arme comme si je l'avais toujours fait. J'envois la base de la lampe, plus contondante que le reste, dans la gueule d'un squelette avant de lui écraser dans le torse, l'explosant et le séparant ainsi de sa partie inférieure. Un pied qui fait valser une autre créature à travers la pièce, j'en profite pour jeter un coup d'oeil à Elkan. Je ne sais pas si le choc a pu retirer l'emprise de l'ombre mais je ne peux qu'espérer parce que l'armée du calcium ne fait qu'augmenter à vue d'oeil et, même si j'arrive à en démembré quelques uns, d'autres se font une place dans les rangs.

"Elkan. Si tu m'entends, je crois qu'il serait temps pour ta divine intervention." Sans attendre mes restes, je me lance droit dans la bataille.